Le modulor du Corbusier


Karl Blossfeldt (1865–1932), Wurmfarm (Aspidium filix mas), Junge gerollte Blätter in vierfacher Vergrösserung, aus: Urformen der Kunst, Berlin 1928

Toute sa vie, Le Corbusier (1887–1965) poursuit sa quête de dimensions idéales et de système de proportions universellement applicable. L’exposition (le modulor-mesure et proportion) illustre ses recherches passionnées, présente ses inspirations puisées dans la nature, telles que les coquilles d’escargots ou des minéraux, et montre des références tirées de l’histoire de l’art – de l’époque gothique à aujourd’hui.

La conception et l’application du légendaire Modulor, qui relie la stature humaine à la section d’or, en constituent l’apogée. Le Corbusier perfectionne la silhouette programmatique du Modulor et ses formulations géométriques en d’innombrables versions.

À l’aide de ses séries de mesures, il a réalise des projets spectaculaires dans le domaine de la typographie, du design de meubles, de l’urbanisme et de l’architecture – dont le Pavillon de Zurich, intégralement proportionné avec le Modulor.

Moyen Âge au lac de Constance.


Au Moyen Âge, la région située entre les Alpes et le lac de Constance (Bodensee) est devenue une zone économique, de transit et de commerce importante et étroitement liée.

Certaines villes ont constitué des confédérations ou des alliances de villes. Ils ont introduit un système uniform pour le commerce régional et international.

Environ 150 objets provenant d’Autriche, d’Allemagne, de Suisse et du Liechtenstein, ainsi qu’une vaste documentation, illustrent cette période médiévale de 1000 à 1500, marquée par la politique, l’agriculture et l’artisanat, le commerce et la navigation.

L’exposition Mittelalter am Bodensee. Wirtschaftsraum zwischen Alpen und Rheinfall (Moyen Âge au lac de Constance. Espace économique entre les Alpes et les chutes du Rhin près de Schaffhouse) montre l’unité économique dans une division politique.

L’histoire culturelle de la Suisse multilingue


(English) The caricature shows the division between French- and Germanspeaking Switzerland in World War I. © Nebelspalter

Les langues sont bien plus qu’un simple moyen de communication. Elles façonnent la vie quotidienne et font partie intégrante de la culture. L’éxposition (La Suisse, pays de langues) montre un voyage sensoriel et ludique à travers le paysage linguistique suisse.

Des événements historiques ont considérablement marqué l’évolution de la langue: c’est notamment le cas de la Réforme. En 1524, le réformateur Ulrich Zwingli (1489-1531) traduit et publie la Bible en dialecte locale de la région de Zurich.

Cependant, à la Suisse romande, les réformateurs ne parlent pas le patois régional, mais le français de la bourgeoisie du nord de la France. Plusieurs siècles plus tard, les dialectes régionaux de Suisse romande ont presque disparu, tandis que le suisse allemand domine le quotidien. L’exposition présente ces thèmes de manière innovante.

Dans la première partie de l’exposition, le public découvre de manière interactive et auditive les régions linguistiques qui se sont développées en Suisse au fil du temps. Toutes les régions linguistiques ont connu un processus de standardisation, mais se sont développées différemment au niveau du langage parlé.

En Suisse romande, les patois étaient largement supplantés par le français à la fin du XVIIe siècle. Outre les objets, des documents sonores historiques et contemporains illustrent également la diversité des langues parlées.

En Suisse alémanique aussi, la Réforme et l’invention de l’imprimerie ont fortement influencé la diffusion de la langue écrite. Contrairement aux autres régions linguistiques de Suisse, la stigmatisation des dialectes y était moindre: au XIXe siècle, le Schwyzerdütsch a connu une revalorisation positive.

En Suisse italienne, l’italien de Toscane s’est imposé comme langage écrit et administratif, avant de s’établir comme langue courante par l’intermédiaire des écoles.

L’espace linguistique romanche s’étendait autrefois jusqu’au lac de Constance, mais la langue rhéto-romane y a été très tôt supplantée par l’allemand. La standardisation n’a pas porté sur une seule langue, mais sur cinq idiomes qui se sont développés dans des régions montagneuses distinctes.

Le quadrilinguisme façonne aujourd’hui l’image du pays. Si le statut de ces langues repose sur l’évolution historique des régions linguistiques, il n’a été défini à l’échelon politique qu’avec la création de l’État fédéral moderne, il y a 175 ans.

La deuxième partie de l’exposition se penche sur la politisation du quadrilinguisme en Suisse. Elle met l’accent sur la lutte commune autour des langues et cherche à déterminer dans quelle mesure le quadrilinguisme s’inscrit dans l’identité suisse.

L’adoption de la Constitution fédérale de 1848, qui voit les trois langues principales du pays acquérir le statut de langues nationales, marque le passage de la Suisse à un État officiellement plurilingue.

Dans le contexte des mouvances nationalistes du début du XXe siècle, la Suisse se trouvait divisée par la frontière linguistique, le Röstigraben. Durant le conflit,de la Première Guerre  mondiale les fronts entre «Suisse française» et «deutsche Schweiz» se sont renforcés,

Le quadrilinguisme était en phase de devenir un élément phare de l’identité nationale. En 1938, le romanche est officiellement reconnu comme quatrième langue nationale dans la Constitution.

La seconde moitié du XXe siècle a aussi été marquée par des tensions récurrentes entre les régions linguistiques. Le clivage politique le plus flagrant entre Alémaniques et Romands s’est manifesté le 6 décembre 1992, lors du scrutin sur l’adhésion de la Suisse à l’Espace économique européen (EEE).

L’affiche concernant l’enseignement de l’anglais à l’école primaire illustre un conflit linguistique actuel.  Aux yeux des cantons romands, le fait que l’anglais a remplacé le français comme première langue étrangère dans certains cantons alémaniques menace l’identité culturelle de la Suisse. Cette polémique montre que la politique linguistique de Suisse ne cesse d’évoluer et de soulever de nouvelles questions.