Le canton de Schwytz

Schwytz – encore officiellement un village – a donné son nom au canton. Le canton de Schwytz et ses communes obtinrent une certaine autonomie au XIIIème siècle et au XIVème siècle.

Vers 1450, suite à des conquêtes et des acquisitions, le territoire de Schwytz correspondait pour l’essentiel à celui du canton actuel. Aujourd’hui, le village de Schwytz est le chef-lieu du canton.

Forum Schweizer Geschichte 

Les Alamans

Les Alamans s’installèrent en Suisse centrale au VIème siècle et s’implantèrent progressivement dans la société gallo-romaine constituée après quatre siècles de domination romaine (15 avant J.-C. jusqu’à 410 après J.-C.). Ainsi, au Xème siècle l’allemand (alémanique) devint la langue d’usage.

Après les Francs, les Carolingiens et le duché souabe, le canton de Schwytz fit partie, dès le Xème siècle, du Saint-Empire romain germanique.

La région fut divisée entre plusieurs propriétaires terriens, tels que l’abbaye d’Einsiedeln, fondée en 934 et des souverains locaux, soit les comtes de Lenzbourg (éteints en 1173), de Kybourg (éteints en 1263), de Rapperswil (éteints en 1283), de Frohburg (éteints en 1367) et les Habsbourg.

Haus Bethlehem (1287)

Le col du Saint-Gothard

Jusqu’à l’ouverture du col du Saint-Gothard aux alentours de 1220-1230, le canton de Schwytz et les autres Waldstätten, Uri et Unterwald (Obwald et Nidwald), ne présentèrent pas un intérêt majeur pour les grandes puissances de l’époque sur les plans économique, politique et stratégique. Cela explique aussi l’indépendance dont bénéficièrent – très tôt – les localités dans cette zone difficilement accessible.

De plus, la rudesse du climat et l’éducation quasi spartiate des hommes, surtout pour assurer la protection du commerce du bétail, constituèrent une bonne base pour la défense et à partir du XVème siècle – jusqu’à la défaite de Marignan en 1515 – pour l’attaque.

Ital reding Haus (1609)

En 1240, le canton de Schwytz s’est vu accorder l’immédiateté impériale par l’empereur du Saint-Empire romain, Frédéric II (1194-1250). En 1294, la Landsgemeinde s’imposa dans le canton de Schwytz. Elle fut abandonnée en 1848.

Alors que l’agriculture, l’élevage et le commerce du bétail furent les principales activités économiques, le commerce du bétail s’intensifia après l’accès par le col du Saint-Gothard aux villes de Zurich, Zoug, Lucerne, Berne et à la région de la Lombardie.

1291 et la Confédération suisse

A la fin du XIIIème siècle et au cours du XIVème siècle, le canton de Schwytz conclut des traités avec des localités limitrophes ainsi qu’avec l’Europe centrale. Le Pacte fédéral du 1er août 1291, signé par Uri, Schwytz et Unterwald, fut choisi en 1891 comme pacte fondateur de la Suisse et bien que le plus connu, il ne fut pourtant pas le plus important. (Voire aussi le musée des chartes fédérales)

Le dessein ne fut pas tant de glaner l’indépendance vis-à-vis du monarque (maison de Habsbourg), que de maintenir la paix, conclure des accords sur le commerce du bétail, gérer et utiliser des terres, des forêts et des prairies, intensifier l’entraide militaire et la sécurité juridique.

Cependant, en ayant adopté la Landsgemeinde, ces cantons furent déjà de facto indépendants et donc susceptibles de défendre cette autonomie par les armes.

Le pillage en 1314 de l’abbaye d’Einsiedeln, alors sous la protection des Habsbourg, est à l’origine de la bataille de Morgarten en 1315. Les Confédérés remportèrent la victoire.

Au cours des décennies suivantes, d’autres villes et localités rejoignirent les vainqueurs Uri, Schwytz et Unterwald, la Confédération des III cantons : Lucerne (1332), Zurich (1351), Glaris et Zoug (1352) et Berne (1353), les intérêts économiques, la coopération et la solidarité passant avant tout. Et ce fut la constitution de la Confédération des VIII cantons (1332 -1481).

Il ne fut cependant pas question de se délier de la souveraineté de l’empereur des Habsbourg, ce concept politique n’existant pas à cette époque où l’empereur tirait sa légitimité de la volonté de Dieu. Et il y avait également des différences majeures entre les Confédérés, notamment sur le plan économique.

Il s’agissait d’une lâche alliance entre Etats souverains et nul, pas même le canton de Schwytz, n’avait prévu la Suisse de 1848.

L’église St. Martin (Kirche St. Martin), 730 premiere eglise-1774  renovation gothique

Territoires Italiens

Schwytz participa à la conquête des territoires italiens situés de l’autre côté du col du Saint-Gothard entre 1403 et 1512 et administra – avec les autres cantons – ces territoires sujets, dont le futur canton du Tessin, entre 1512 et 1798.

1515-1848

Le canton de Schwytz n’adopta pas la Réforme et resta catholique, comme les autres Waldstätten ainsi que le canton de Lucerne. Le canton de Schwytz résista farouchement à la République helvétique (1798-1803) imposée par les occupants français en 1798.

Le canton de Schwytz – les autres Waldstätten également – se considérait comme l’archétype de la démocratie directe moderne et de la souveraineté cantonale. Dès lors, il s’insurgea contre un Etat unitaire centralisé, qui ne laissa aucune autonomie aux cantons et abolit la démocratie directe.

La Heiligkreuzkapelle (1645) 

Ensuite, le canton de Schwytz suivit l’histoire de la Suisse : 1803-1813 Acte de médiation, 1815-1848 Vers l’Etat fédéral et 1848 à ce jour Confédération suisse.

En tant que membre du Sonderbund, ligue composée de cantons catholiques conservateurs sécessionnistes, le canton de Schwytz fut indirectement à l’origine de la Constitution fédérale de 1848, après la guerre du Sonderbund en 1847. En effet, le nouvel Etat mit un terme au conflit entre les cantons libéraux et les cantons conservateurs catholiques.

En 1848, la Constitution cantonale ayant fait ses preuves à l’usage, le canton de Schwytz choisit la démocratie représentative plutôt que la Landsgemeinde.

Bâtiment du gouvernement

Le drapeau

Le drapeau de Schwytz est rouge avec une croisette blanche dans l’angle supérieur représentant la « Sainte-Image », à savoir la crucifixion du Christ. Ce drapeau date du XIVème siècle et depuis le XVIIIème siècle il est celui du canton de Schwytz.

(Source : B. Adler, Die Entstehung der direkten Demokratie. Das Beispiel der Landsgemeinde Schwyz 1789-1866, Zürich 2006 ; B. Mesmer (Redaktion), Geschichte der Schweiz und der Schweizer, Bâle, 2006 ; Dictionnaire historique de la Suisse, canton de Schwytz, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/000736/2021-01-25).

Rédaction et révision: Marianne Wyss, écrivain public et traductrice

Impressions de Schwytz

Place du village, le Petit Mythe et le Grand Mythe