Le canton d’Uri
27 avril 2021
Depuis les époques celtique et romaine, le canton d’Uri connut un développement similaire sur les plans historique, économique et politique à celui des cantons de Schwytz et d’Unterwald.
Altdorf, chef-lieu du canton d’Uri, est notamment réputé grâce à Guillaume Tell, dont la statue avec son fils trône sur la place du village, et au général Alexandre Souvorov (1730-1800). En effet, en 1799, le général Souvorov traversa le Col du Gothard avec son armée et, en se frayant un chemin le long de la vallée de la Reuss, atteignit Altdorf.
Les événements marquants de l’histoire d’Uri furent l’octroi de l’immédiateté impériale (Reichunsmittelbarkeit) par l’empereur Frédéric II (1194-1250) en 1231, suite à l’intérêt qu’il porta à ce canton depuis l’ouverture du col du Gothard, et les relations et conflits avec les abbayes de Fraumünster, Engelberg et Wettingen, toutes trois sous la protection des Habsbourg.
Un canton souverain
Au XIVème siècle, Uri fut déjà un canton souverain et au XVème siècle il acquit la Léventine (canton du Tessin), qui resta pays sujet jusqu’en 1798, et accorda la combourgeoisie à l’Urseren dans la vallée uranaise de la Reuss. Le canton d’Uri devint ainsi maître du col du Saint-Gothard.
Les alliances
Les alliances d’Uri avec Schwytz et Unterwald, qui se prêtèrent mutuellement un soutien, en 1291 (Pacte fondateur de la Suisse), 1309 (l’empereur Henri VII de Luxembourg confirma l’immédiateté impériale, non reconnue par les Habsbourg, des trois Waldstätten) et 1315 (Pacte de Brunnen) n’étaient pas dirigées uniquement contre la maison des Habsbourg et Uri n’avait certainement pas pour principale ambition de devenir un canton indépendant.
L’Intérêt commun des trois cantons, de leurs localités et régions fut l’administration des forêts et des pâturages pour le bétail, la gestion des conflits et le maintien de la paix.
L’ouverture du col du Saint-Gothard (1220-1230) ne fut pas seulement le fondement de la prospérité économique, elle engendra aussi des conflits avec les Habsbourg et des rivalités avec des villes de la future Confédération suisse.
1403-1798
La conquête des territoires italiens situés de l’autre côté du col s’inscrivit dans le cadre de l’expansion des Confédérés (1403-1515) et de l’administration conjointe des territoires sujets (1515-1798).
La défaite des Confédérés lors de la bataille de Marignan (1515) marqua la fin de la politique d’expansion de la Suisse.
Uri gouverna également, avec d’autres cantons, les cantons d’Argovie (1415) et de Thurgovie (1460) ainsi que le comté de Neuchâtel (1512/1513-1529).
Le canton d’Uri avait déjà adopté la Landsgemeinde au XIVème siècle. Elle fut abandonnée en 1928.
Lors de la Réforme protestante (1520-1565), le canton d’Uri resta catholique et conclut des alliances avec d’autres cantons et monarques catholiques. Cela créa des tensions et des guerres civiles, des batailles éclatèrent : les guerres de Kappel en 1529 et 1531, premières guerres de religion en Europe et les batailles de Villmergen en 1656 et 1712. Toutefois, la Confédération suisse subsista.
1798-1848
Le canton d’Uri opposa une forte résistance à la République helvétique (1798-1803) et devint membre de la ligue de Sarnen (Sarnerbund) (1832), de la ligue du Sonderbund (1845) et finalement, lors de la guerre du Sonderbund (1847), il fut du côté des perdants, les séparatistes catholiques ayant dû s’incliner face à la majorité réformée libérale.
Le canton d’Uri fut l’un des vingt-deux cantons souverains unis par le Pacte fédéral de 1815 et par la Constitution fédérale de 1848.
Le drapeau du canton d’Uri
Le drapeau du canton d’Uri comporte sur fond jaune, une tête de taureau noire avec l’anneau et la langue rouge.
Déjà, en 1249, un sceau triangulaire cantonal représentait le taureau avec un anneau nasal qui exprime l’approvisionnement du taureau et de la terre. La tête de taureau est un blason parlant, car les premiers colons auraient appelé le pays « ur ».
(Source : R. Sablonier, Gründungszeit ohne Eidgenossen. Politik und Gesellschaft in der Innerschweiz um 1300, Baden, 2013; Dictionnaire historique de la Suisse, Canton d’Uri, https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/007384/2021-01-15).
Rédaction et révision: Marianne Wyss, écrivain public et traductrice.