Le canton de Genève
19 avril 2021
La région de l’actuel canton et de la ville de Genève fut habitée vers 10 000 avant J.-C. Au 9ème siècle avant J.-C., le niveau du lac Léman augmenta de 5 mètres et les habitants quittèrent la région. Au 2ème siècle avant J.-C., la tribu celte des Allobroges s’installa sur les rives du lac et la colline de la ville actuelle.
L’époque romaine
En 121 avant J.-C., les Romains conquirent Genève et ses environs qu’ils intégrèrent à la Gaule transalpine (Gallia Transalpina), puis, en 22 avant J.-C. à la Gaule narbonnaise (Gallia Narbonensis) de l’empereur Auguste (63 av. J.-C. -14 apr. J.-C.).
Pendant la Pax Romana, le vicus de Genava continua de s’étendre, surtout sur la rive gauche. Le nom lac Léman provient du latin Lacus Lemanus.
Genève fut déjà une importante voie commerciale reliée à l’Italie, à l’est de la France et au nord de l’Europe. Le lac Léman, le Rhône et d’autres routes commerciales permirent de rejoindre Avenches (Aventicum), Augst (Augusta Raurica), Nyon (Noviodunum) et Lausanne (Lousonna).
Le christianisme
Les fondements du christianisme apparurent au IIIème siècle. La première mention d’un évêque date du IVème siècle et le premier évêque attesté au début du siècle suivant, soit vers 400, se nomma Isaac.
La première cathédrale remonte à la fin du IVème siècle (350-375). (voir aussi le site archéologique : www.site-archeologique.ch).
Le royaume des Burgondes
Au Vème siècle, Genève fut déjà une importante cité épiscopale. A cette époque, la ville fit partie du royaume burgonde (443-534). Son territoire s’étendait d’Avignon au sud à Langres au nord, jusqu’au Rhin à l’est et jusqu’à la Loire à l’ouest.
Genève fit partie de la région appelée Sapaudia – le pays des sapins qui donnera plus tard le nom de Savoie – comprise entre le Jura et les Alpes, soit l’espace situé entre l’Ain, le Rhône, la région du Léman, le Jura et le bassin de l’Aar jusqu’au Rhin, à savoir la plus grande partie du plateau suisse actuel.
En 534, le royaume burgonde fut capturé par les Francs.
En l’an 563, un pan d’une grande montagne en Valais, le Tauredunum, située dans le massif du Grammont s’écroula, détruisant plusieurs villages alentour. Il s’ensuivit un tsunami dévastateur qui balaya le lac Léman et inonda Genève.
Les Mérovingiens, les Carolingiens et le Saint-Empire romain germanique
Les royaumes des Mérovingiens (534-751) et des Carolingiens régnèrent jusqu’en 888. De 888 à 1032, l’évêché de Genève fit partie du second royaume de Bourgogne.
En 1032, le dernier roi Rodolphe III (970-1032) mourut sans descendance et légua ses possessions, dont Genève, au Saint-Empire romain germanique. Toutefois, le pouvoir resta aux mains du seigneur local, le comte.
En 1124, à la faveur du traité de Seyssel, le comte de Genève reconnut l’indépendance du pouvoir temporel sur la cité de Genève à l’évêque.
En 1162, l’empereur Frédéric Barberousse (1122-1190) accorda à Genève l’immédiateté impériale (Reichsunmittelbarkeit), soit le statut de « ville libre d’Empire ».
Savoie
En 1250, le comte de Genève dut céder au comte de Savoie, entre autres, le Château du Bourg-de-Four. Cependant le comte de Genève continua à résister et fut à nouveau en guerre contre Savoie.
1477-1798
Impliquée par son évêque aux côtés du duc de Bourgogne dans la guerre de Bourgogne, Genève fut menacée par les Suisses après leur victoire et condamnée en 1475 à payer une forte amende.
L’évêque se tourna alors vers les vainqueurs et conclut le 14 novembre 1477 un traité de combourgeoisie – traité temporel – avec les villes de Berne et Fribourg. Il s’agit du premier acte officiel entre Genève et les cantons suisses.
En 1536, Genève, annexée par les Suisses au détriment du duc de Savoie, adopta la Réforme protestante. L’évêque quitta la ville et le diocèse fut supprimé.
En 1536, Jean Calvin, né Jehan Cauvin (1509-1564) fut appelé à Genève pour y renforcer la Réforme. La petite république va dès lors devenir le siège européen du calvinisme.
En 1602 se déroula l’Escalade qui vit la victoire de la république protestante de Genève sur les troupes du duc de Savoie Charles-Emmanuel 1er (1562-1630) lors de l’attaque lancée dans la nuit du 11 au 12 décembre. La célébration annuelle de cet événement fait partie des traditions genevoises.
Jusqu’à l’annexion de Genève à la France en 1798, il y eut plusieurs conflits militaires et traités de paix – rompus – avec la Savoie. En effet, le roi de France, l’Espagne des Habsbourg, la Confédération des XIII cantons furent engagés dans une situation internationale compliquée.
L’époque française
Genève connut une période sans conflits armés pour des motifs religieux, ce qui fut remarquable dans l’Europe des XVIIème et XVIIIème siècles. Une exception : les batailles de Villmergen qui opposèrent les cantons protestants aux cantons catholiques de la Confédération des XIII cantons le 24 janvier 1656 et le 24 juillet 1712 sur le territoire de la commune de Villmergen (canton d’Argovie).
Du 26 avril 1798 au 31 décembre 1813, Genève fit partie du département du Léman, ancien département français comprenant notamment des territoires de l’actuel canton de Genève et des actuels départements de l’Ain et de la Haute-Savoie en France. En 1815, le canton de Genève rejoignit la Confédération suisse.
1815-1860
Bien que le canton de Genève, francophone, soit situé à l’extrême ouest de la Suisse et presque entièrement entouré de territoires français, il n’a jamais fait partie de la France, excepté durant la période de 1798 é 1813 lorsqu’il fut intégré au département du Léman.
En mars 1815, le Congrès de Vienne et les puissances européennes reconnurent la neutralité perpétuelle de la Suisse et lui attribuèrent, outre les cantons de Neuchâtel et du Valais, le canton de Genève.
Lors de la dissolution du royaume de Sardaigne (1720-1861), la Suisse romande et Berne voulurent rattacher les régions françaises du Chablais et du Faucigny à la Confédération. Par le traité de Turin du 24 mars 1860 et un plébiscite (les 22 et 23 avril 1860), le Chablais et Faucigny furent attribués à la France.
Le drapeau
Les éléments du drapeau du canton de Genève sont une demi-aigle noire, couronnée sur fond jaune et une clé jaune sur fond rouge. L’aigle, éployée et couronnée, symbolise le pouvoir impérial de l’évêque et fait référence à l’aigle des armoiries du Saint-Empire romain germanique.
La clé est un attribut de l’apôtre saint Pierre, patron de l’Eglise de Genève et de la cathédrale de la ville.
La révolution genevoise, qui éclata en décembre 1792, amena l’adoption de trois couleurs : le rouge et le jaune séparés par un filet noir. Lorsque la République de Genève devint un canton suisse en 1815, les couleurs jaune et rouge, le drapeau avec la demi-aigle et la clé furent confirmés par le Grand Conseil de la République et canton de Genève.
Sources : G. Andrey, La Suisse Romande. Une histoire à nulle autre pareille, Pontarlier,2012 ; M. César, Histoire de Genève. Tome I, Neuchâtel 2014) ; C. Barbier, P.-F. Schwarz, Atlas historique du pays de Genève, La Salévienne, 2014).
Rédaction et révision: Marianne Wyss, écrivain public et traductrice.