Le canton de Vaud

La région de l’actuel canton de Vaud fut habitée depuis la fin de la dernière période glaciaire qui se termina il y a environ 10 000 ans. La région devint connue en 58 avant J.-C. lorsque Jules César mentionna la tribu celtique des Helvètes dans le De Bello Gallico.

Les Helvètes

Les Helvètes s’installèrent également dans le canton de Vaud durant la période 450 à 58 avant J.-C. Des nécropoles celtiques ont été découvertes à Saint-Sulpice, Vevey et Lausanne-Vidy.

Jules César évoqua les Helvètes à propos de la guerre des Gaules.  En effet en 58 avant J.-C., Jules César vainquit les Helvètes lors de la bataille de Bibracte, à Autun.

Vers 45 avant J.-C., peu après la conquête des Gaules, les Romains fondèrent la Colonia Iulia Equestris, colonie romaine dont le centre urbain, le bourg helvète de Noviodunum (nouvelle ville), fut situé sur le territoire de l’actuelle ville de Nyon.

L’époque romaine

Vers 25 avant J.-C., Rome s’empara du territoire des tribus celtes des Nantuates dans le Chablais vaudois et le Bas-Valais et des Véragres dans la région de Martigny.

Aventicum (Avenches), un oppidum celtique, devint la capitale des Helvètes. En 71 après J.-C. Aventicum fut nommée Colonia Pia Flavia Constans Emerita Helvetiorum Foederata sous l’empereur Vespasien (39-81). Le territoire fut d’abord rattaché à la province de la Gaule belgique (Gallia Belgica) puis, en 85 après J.-C., à la Germanie supérieure.

La romanisation débuta dans les villes et les élites gallo-romaines – notables gaulois issus de la romanisation des Gaules – y adhérèrent rapidement. Plus tard, le reste de la population adopta également la culture romaine.

A cette époque, le canton de Vaud fut une importante voie commerciale avec le Rhône, le lac Léman et le col du Grand-Saint-Bernard (anciennement appelé col du Mont-Joux) et la liaison entre l’Italie et le nord-ouest de l’Europe.

Le premier royaume de Bourgogne

Vers 401, les Romains quittèrent la région abandonnant ainsi le territoire à la tribu germanique des Burgondes. Ils fondèrent le premier royaume de Bourgogne (443-534). Cependant, cette tribu germanique parla le gallo-roman, précurseur de la langue française.

Les Francs

Vers 534, les Francs occupèrent le Pays de Vaud (Pagus Waldensis). A ce moment-là, ce fut l’avènement des premiers évêques : Marius d’Avenches fut d’abord évêque à Avenches puis devint le premier évêque de Lausanne.

Le monastère de Romainmôtier fut fondé au Vème siècle et le monastère de Baulmes – disparu depuis lors – au VIIème siècle. Des monastères et des églises furent également édifiés à Payerne, Lutry, Vevey, La Tour-de-Peilz, Saint-Prex, Cheseaux-sur-Lausanne et Saint-Saphorin.

Le second Royaume de Bourgogne

Après l’Empire carolingien (751-888), la région fit partie du second Royaume de Bourgogne (888-1032). En 1033, Conrad II, roi de Bourgogne, fut couronné à Payerne.

Le Saint-Empire romain germanique

À partir de 1032, le Pays de Vaud fut rattaché au Saint-Empire romain germanique puis devint propriété des comtes de Savoie au XIIème siècle après avoir été disputé, outre par les comtes de Savoie, par les comtes de Genève, l’évêque de Lausanne et le duc de Zähringen.

Les abbayes – surtout celles de Lausanne et de Romainmôtier – jouèrent un rôle politique et militaire important lors de l’installation des comtes de Savoie dans le Pays de Vaud.

Maison de Savoie

De 1207 à 1536, les comtes et les ducs de la maison de Savoie gouvernèrent le Pays de Vaud. Les carrés savoyards – châteaux édifiés en terre vaudoise, caractéristiques de cette période – et le Château de Chillon datent de cette époque.

Les guerres de Bourgogne (1474-1477) constituèrent la première grande bataille, menée par Berne et Fribourg, entre la Savoie et les Confédérés.

La Savoie se rangea du côté du duc de Bourgogne, Charles le Téméraire (1433-1477). Charles le Téméraire perdit la bataille de Grandson opposant l’armée bourguignonne aux Confédérés suisses. Il fut tué lors de la bataille de Nancy, soulageant l’Europe de l’inquiétude causée par ses ambitions.

La Savoie dut céder des territoires du Pays de Vaud à Berne et Fribourg : Orbe, Aigle, Ollon, Bex, Les Ormonts, Echallens, Montagny-près-Yverdon, Grandson et Morat. C’est alors que se développa le bilinguisme.

Dès 1536, le Pays de Vaud, à l’instigation des autorités du canton de Berne, adopta la Réforme protestante. Toutefois, quelques villes et villages restèrent catholiques et le Pays de Vaud appréhenda la tolérance confessionnelle.

Berne

En 1536, les Confédérés conquirent le Pays Vaud, sans affrontement, alors possession de la Savoie. Leurs Excellences de Berne administrèrent le territoire jusqu’à la fin du XVIIIème siècle.

La région fut découpée en bailliages et l’administration bernoise du Pays de Vaud fut structurée ainsi : les gouvernements d’Aigle et de Payerne et les bailliages de : Aubonne, Avenches, Bonmont, Gessenay, Grandson, Lausanne, Morges, Moudon, Nyon, Orbe-Echallens, Oron, Romainmôtier, Vevey, Yverdon.

L’administration des bailliages était confiée aux seuls baillis et secrétaires baillivaux bourgeois de Berne, ainsi qu’aux notables locaux.

L’époque française

Napoléon Bonaparte envahit le Pays de Vaud en novembre 1797 et le 24 janvier 1798 le Pays Vaud accéda à l’indépendance. Au matin du 24 janvier, le comité central proclama la République lémanique et fit flotter le drapeau vert et blanc avec l’inscription « République lémanique, Liberté, Égalité » Le terme de « République lémanique » ne s’imposa cependant pas. Ce fut la fin de l’ère bernoise en pays vaudois.

La domination française exercée après l’invasion de 1798, réforma la Suisse en la transformant en un Etat unitaire – tous les citoyens sont soumis au même et unique pouvoir – appelé République helvétique jusqu’en 1803.

Le canton de Vaud

Le 19 février 1803, par l’Acte de médiation rédigé à l’instigation de Napoléon Bonaparte une nouvelle constitution fut attribuée à la Suisse, après l’échec de la République helvétique.

La Suisse – avec le Pays de Vaud – redevint une confédération d’Etats, chacun des dix-neuf cantons disposant de sa propre Constitution et beaucoup recouvrèrent leurs droits de souveraineté de l’époque antérieure à 1798.  Cette confédération fut dissoute en décembre 1813 suite à l’arrivée des troupes autrichiennes, qui y restèrent jusqu’en mai 1814.

1815-1900

La Diète constitua la nouvelle Confédération, établie par le Pacte fédéral (Bundesvertrag) de 1815 qui unit les vingt-deux cantons souverains de la Confédération suisse – dont le canton de Vaud – et servit de loi fondamentale entre 1815 et 1848.

Le canton de Vaud adhéra, de fait, au système politique de la Confédération suisse. Les innovations politiques de 1830-1848, période de la Régénération, progressèrent, notamment avec le suffrage universel masculin, le droit de vote en matière communale, cantonale et sur le plan fédéral avec l’initiative et le référendum.

En 1874, lors de la première révision de la Constitution fédérale, fut ajouté le droit de référendum facultatif. En 1893, l’initiative populaire fédérale s’est développée : elle est utilisée pour provoquer un changement constitutionnel sans devoir consulter ou obtenir l’approbation des autorités fédérales.

Lors de son centenaire en 1903, le canton de Vaud était une région industrialisée avec diverses multinationales comme par exemple Nestlé, à Vevey et la région viticole de Lavaux. A cette époque, le canton comptait environ 300 000 habitants. En 2021, la population du canton de Vaud est de 800 000 habitants.

Plusieurs villes – cosmopolites – telles que Montreux, Vevey, Lausanne, Morges et Nyon ont acquis une renommée internationale et ont ainsi gagné des habitants.  Entre 1850 et 1890, les lignes des chemins de fer reliaient tous les lieux importants et les grands hôtels se sont développés de manière spectaculaire.

L’un des plus anciens clubs de golf du pays, fondé en 1900, est situé à Aigle mais il est cependant appelé Golf Club Montreux parce que les joueurs y avaient leur hôtel ou leur résidence.

Le drapeau

Dès le 24 janvier 1798, un drapeau entièrement vert flotta au 21, place de la Palud, à Lausanne. L’Assemblée provisoire proposa en 1803, de son côté, le drapeau vert et blanc avec la devise du canton de Vaud « Liberté et Patrie » inscrite dans le champ supérieur.

Le 14 avril 1803, l’une des toutes premières décisions du Petit Conseil (exécutif) fraîchement élu fut de définir le drapeau.

(Source : L. Hubler, Histoire du Pays de Vaud, Lausanne 1991).

Rédaction et révision: Marianne Wyss, écrivain public et traductrice.