Die 22 Vollkantone, Nationale Einigkeit, 1900-1935. Nationales Landesmuseum Zürich. Photo/Foto: TES.

La véritable Union européenne des 26 cantons

Les Celtes et les Romains

Des tribus celtes et rhétiques peuplaient le territoire de la Suisse actuelle des siècles avant l’arrivée des Romains. Elles étaient déjà en contact (commercial) avec les tribus germaniques, la région méditerranéenne et les pays du Nord.

L’occupation romaine (15-13 av. J.-C), après celle de Genève (Genava, dès 122 av. J.-C.) marqua le début de la construction de villes, de routes et du transport par les cols de montagne, les rivières et les lacs.

Les quatre siècles d’occupation romaine conduisirent à la « romanisation » de la population celte et rhétique. Une culture et une langue gallo-romaines apparurent, seule l’élite ayant été complètement romanisée, y compris l’utilisation de la langue latine.

La région de la Suisse actuelle devint un important centre européen de commerce et de transport. Plusieurs cols alpins étaient déjà utilisés à l’époque romaine (le col du Saint-Gothard n’est toutefois devenu accessible vers 1230).

Le Moyen Âge

Après le départ des Romains, des tribus germanophones (Alamans) envahirent les régions du nord et du centre. L’alémanique remplaça la langue gallo-romaine. Le romanche demeura la langue des Grisons jusqu’au XIXème siècle, à l’exception de quelques enclaves walser du XIIème et XIIIème siècles. Puis l’alémanique remplaça le romanche comme première langue, à l’exception de cinq régions et idiomes romanches.

Dans la partie occidentale du pays, le français devint la langue principale. L’italien était déjà la langue des territoires conquis aux XVème et XVIème siècles. Les frontières linguistiques du français, de l’italien et de l’allemand n’ont guère changé au cours des siècles qui ont suivi, même si Fribourg est devenu de plus en plus francophone et qu’il y a eu d’autres exceptions.

Les Mérovingiens, les Carolingiens, les ducs de Souabes (Herzogtum Alamannia) et les rois bourguignons, les abbayes, les évêchés (Genève, Lausanne, Sion, Coire, Bâle et Constance, (aujourd’hui en Allemagne) ont joué un rôle politique (et militaire) de premier plan dans les siècles qui ont suivi le départ des Romains.

La carte politique des cantons (le nom de canton apparaît pour la première fois au XVIème siècle) et des Orte s’est dessinée après le XIIIème siècle, au cours d’un processus de plusieurs siècles. L’importance du Jura, de la région des Trois Lacs, des Alpes, des fleuves et des cols de montagne pour le transport des marchandises et des personnes n’a cessé de croître.

Le Saint-Empire romain germanique et les dynasties nobles, dont celles des Kybourg, des Habsbourg, de  Savoie et des Zähringen, sont apparus après le Xème siècle. Les papes, les évêchés, les abbayes, les ducs bourguignons et les empereurs (principalement habsbourgeois) du Saint Empire romain furent leurs principaux antagonistes ou alliés séculaires et religieux jusqu’à 1499 (Paix de Bâle) et 1648 (Paix de Westphalie).

Les Habsbourg, le Saint-Empire romain germanique et les autres dynasties n’ont plus eu de pouvoir réel et légal après 1499, sauf dans quelques régions : l‘Engadine (jusqu’à 1652), Fricktal (jusqu’à 1803), Tarasp (jusqu’à 1803) et Rhäzuns (jusqu’en 1819), par le biais de la nomination d’abbés, d’évêques et de souverains locaux amis ou apparentés.

La Confédération

L’ancienne Confédération de treize cantons s’est transformée en une structure décentralisée et démocratique unique en son genre au cours d’un processus qui s’est déroulé à partir du XIVème siècle. Ce fut un long chemin parsemé de nombreux conflits (militaires, religieux (après 1525), économiques et sociaux), entre les cantons et contre les puissances étrangères d’une part, entre les élites urbaines et rurales dans les cantons, d’autre part.

L’occupation française dans les années 1798-1813 a déclenché des réformes qui n’ont pas pu être inversées et qui ont finalement abouti à la fédération actuelle de 26 cantons et de quatre langues.

Fazit

Le changement ne se produit pas toujours du jour au lendemain en Suisse, mais la force du pays réside dans sa structure décentralisée, ses siècles de « cohabitation », dans sa subsidiarité, ses centres industriels et innovants jusque dans les villages et régions les plus reculés, ses réseaux d’exportation séculaires, un excellent enseignement (professionnel), les meilleures universités et instituts de recherche du monde, des transports publics adéquats, un bon système de santé, un système de milice et l’influence directe des citoyens aux niveaux municipal, cantonal et national. Les citoyens sont les souverains.

La Suisse est une société bottom-up. Dans ce contexte, la présence de 2 millions de résidents sans passeport suisse, l’accueil d’un grand nombre de réfugiés et près de 400’000 frontaliers (!!!) d’Allemagne, de France, d’Italie et d’Autriche se déroulent (relativement) sans heurts. La Suisse est la véritable Union européenne de 26 cantons souverains.

Révision: Lars Kophal (Neuchâtel), rédacteur et journaliste