Genève, Le Mur des Réformateur. Photo/Foto: TES

Le Mur des Réformateurs

Le Mur des Réformateurs – ou Monument international de la Réforme- se trouve au cœur du parc des Bastions, à Genève, une ville celtique (oppidum), romaine (Genava) et médiévale. Composé d’un rempart de pierre gravé et orné de bas-reliefs, devant lequel se dressent les statues des quatre grands prédicateurs, représentant le groupe central, Guillaume Farel (1489-1565), Théodore de Bèze (1519-1605), Jean Calvin (1509-1564) et John Knox (1513-1572), tous vêtus de la « robe de Genève » et tenant la petite Bible du peuple à la main, il fut érigé en 1909 pour le 4ooème anniversaire de la naissance de Jean Calvin, né Jehan Cauvin.

Du fait des persécutions contre ceux qui seront plus tard appelés les « protestants », il fuit la France 1535 pour se réfugier dans la ville relativement tolérante de Bâle, ville de Desiderius Erasmus (1467-1536), appelé Erasme de Rotterdam, alors déjà gravement malade.

Bâle adopta la Réforme dans les années 1527-1529, officiellement introduite par le réformateur Johannes Oekolampad (1482-1531). De ce fait, Erasme de Rotterdam quitta Bâle en 1529 et se rendit dans la ville catholique de Fribourg-en-Brisgau (Freiburg im Brisgau – Bade).

Peu de temps avant sa mort, il retourna dans sa chère ville et repose désormais dans sa dernière demeure auprès du réformateur Johannes Oekolampad dans la cathédrale (Münster) en 1536. On ne sait pas si Jean Calvin a rencontré ou non Erasme de Rotterdam. Toutefois, Jean Calvin publia son traité de théologie « Institution de la religion chrétienne » à Bâle en 1536.

Peu de temps après, Jean Calvin partit à Genève, également devenue protestante en 1536. Dans cette ville, il travailla avec le réformateur Guillaume Farel qui a introduit le protestantisme dans la principauté française (1504-1706) de Neuchâtel.

Cependant, Jean Calvin fut trop dogmatique pour le gouvernement genevois et dut quitter Genève. Il gagna la ville protestante de Strasbourg – à l’époque indépendante du Saint-Empire romain germanique – où il séjourna de septembre 1538 à septembre 1541. Il fut le pasteur de la communauté de réfugiés protestants de langue française.

En 1541, Jean Calvin, rappelé par les autorités, retourna à Genève pour y soutenir la doctrine de la gloire de Dieu, nommée le calvinisme. En quelques années, il fit de Genève une « Jérusalem » protestante, une ville sainte de la Réforme.

Il publia de nombreux écrits en latin et en français, il fonda l’Académie de Genève, conçue à l’origine comme un séminaire théologique et humaniste, ancêtre de l’université actuelle, et l’Auditoire Calvin, haut lieu du protestantisme. Il attira des milliers de réfugiés à Genève : la ville passa ainsi de 10’000 habitants en 1535 à plus de 23’000 habitants en 1562.

Et, surtout, il fut en conflit permanent avec d’autres réformateurs protestants, dont Martin Luther (1483-1546) et Sebastian Castellion (1515-1563). Jean Calvin fut dogmatique et intolérant, comme le montre une exposition actuelle tenue à la bibliothèque universitaire de Bâle.

« Le 26 juillet 1581 les Etats-Generaux reunis a la Haye adpotent la déclaration d’indépendance des Provinces-Unies »:

« D’ondersaten zyn niet van Godt gheschapen tot behoef van den Prince om hem in alles wat hy beveelt weder het goddelick oft ongoddelick recht oft onrecht als slaven te dienen, maer den Prince om d’ondersaten wille sonder dewelcke geen Prince is om deselve met recht ende redene te regeeren ». 

Le calvinisme devint la doctrine théologique dominante dans certaines parties de la Suisse et des Pays-Bas. C’est la raison pour laquelle Guillaume le Taciturne (1533-1584) occupe une place d’honneur nominative sur le Mur des Réformateurs, à gauche du groupe central.

Guillaume le Taciturne fut le chef de la révolte hollandaise contre Charles V, roi catholique d’Espagne et empereur de l’empire sur lequel le soleil ne couche jamais, autrement dit un empire si vaste qu’il transcenda les différentes zones géographiques pour que le soleil brille toujours sur son territoire.

Parmi les autres personnages figurent sur le mur de plus de 100 mètres de long, toujours à gauche du groupe central : Gaspard de Coligny (1519-1572), Frédéric-Guillaume de Brandebourg (Friedrich Wilhelm Graf von Brandenburg) (1620-1688) et à droite du groupe central : Roger Williams (1603-1684), Olivier (ou Oliver) Cromwell (1599-1658) et Etienne (István) Bocskai (1557-1606).

Au début du Mur des Réformateurs, dans le coin gauche, il est fait mention de la date officielle de la Réforme à Genève, le 21 mai 1536. A la fin du mur est inscrite la date du 12 décembre 1602.

Dans la nuit du 11 au 12 décembre 1602, Charles-Emmanuel (1562-1630), duc catholique de Savoie, avec le soutien de l’évêque expulsé de Genève, tenta en vain de s’emparer de la ville de Genève. L’attaque, commémorée chaque année à Genève le 12 décembre, est appelée l’Escalade en référence aux échelles utilisées par les assaillants pour franchir les remparts de la ville.

Cependant, parmi tous les personnages protestants et les dates citées de 1536 et 1602, y sont également mentionnés le Prince d’Orange, Guillaume III (1650-1702), stadhouder (gouverneur) des Sept Provinces Unies des Pays-Bas de 1672-1702 et roi d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande de 1688/1689 à 1702, ainsi que son épouse Marie Stuart (1662-1694), reine d’Ecosse.

Le 13 février 1689 Guillaume Prince d‘Orange et Marie II Stuart son épouse, fille aînée de Jacques II, appelés sur le trône, acceptèrent simultanément la couronne d’Angleterre la Déclaration des Droits fondamentaux de la monarchie constitutionnelle. Cet acte, imposé aux souverains d’Angleterre à la suite de la Glorieuse Révolution, consacre la fin de la monarchie absolue et l’avènement de la démocratie en Angleterre.

 The Lords spiritvall land temporall and commons being now assembled in a full and free representative of this nation doe for the vindicating and asserting their ancient rights and liberties declare: that the pretended power of suspending of laws by regall authority without consent of parlyament is illegall…That levying money without grant of parlyament is illegall…That election of members of parlyament ought to be free. The Bill of Rights.

Rédaction et révision: Marianne Wyss, écrivain public et traductrice.