Deux poupées et la romanisation
29 novembre 2022
Sous une nécropole romaine de 311 tombes à Yverdon-les-Bains (le vicus gallo-romain d’Eburodunum), les fouilles livrèrent de nombreux vestiges, tels que bâtiments en terre et bois du début de notre ère ainsi que les fondations maçonnées d’une cave plus tardive.
Deux petites poupées en ivoire ont été découvertes, qui se rattachent aux premiers modèles apparus à Rome.
La particularité des différents exemplaires connus réside dans le traitement remarquable de la coiffure qui imite les modèles en vogue à la cour impériale. En l’absence de contexte archéologique précis, il s’agit-là d’un bon critère de datation.
Les meilleures comparaisons proviennent de coiffures du début du IVème siècle, utilisées par des femmes de la famille constantinienne durant les années 306-330 après J.-C.
Alors que ces figurines sont relativement fréquentes au IVème siècle en Espagne, dans le sud de la France et en Italie, très peu d’exemplaires sont connus en Gaule, en Suisse et en Germanie.
Les deux poupées d’Yverdon-les-Bains, attestées entre le IV et les VIème/VIIème siècles, révèlent une grande qualité technique et artistique qui n’a, jusqu’à présent, guère trouvé d’équivalent au nord des Alpes.
La découverte de telles pièces reste un phénomène exceptionnel apte à être expliqué par la présence d’une famille de classe aisée gallo-romaine. Pourquoi pas celle d’un haut dignitaire romain ?
(F. Rossi, « Deux poupées en ivoire d’époque romaine à Yverdon-les-Bains » dans Archéologie suisse, 1993, No 4).
Rédaction et révision: Marianne Wyss, écrivain public et traductrice.