Chur, Hotel Stern. Photo: TES.

Le romanche

Le romanche (romontsch ou rumantsch dans les Grisons, romanisch pour le reste de la Suisse alémanique) n’est parlé que dans le canton des Grisons, d’où l’emploi fréquent du terme bündnerromanisch.

La langue romanche est issue du latin populaire, des langues celtique et rhétique (telle qu’elle était parlée avant et pendant la domination romaine jusqu’au Vème siècle). Puis, il y eut les influences françaises et italiennes ainsi que celles mues par des dialectes lombards et par l’imposition de la langue alémanique et l’immigration des Walser.

Dans le nord des Grisons, la langue romanche a presque disparu. L’ouverture des Grisons au tourisme, aux médias et l’accès au réseau ferroviaires, aux autoroutes depuis le milieu du XIXème siècle a également fait de l’allemand la langue de communication dans d’autres régions du canton.

Néanmoins, le romanche a été reconnu comme quatrième langue officielle de la Suisse en 1938 par une large majorité du peuple.

La pression des pays germanophones et italophones voisins en avait été la cause immédiate. Le gouvernement et les citoyens suisses avaient clairement fait savoir que la Suisse était une et indivisible, quelle que soit la langue, et qu’il n’y avait pas de place pour une quelconque annexion de la Suisse alémanique et du Tessin, pas plus que pour une légitimation du « Heim ins Reich » allemand ou de « irredentismo italiano » italien.

Aujourd’hui, le romanche est la langue maternelle d’environ 60 000 habitants, l’allemand et italien sont les deux autres langues officielles du canton des Grisons, seul canton trilingue de la Suisse.

Le romanche a une longue tradition de langue orale qui remonte au début du Moyen Âge. Dans un contexte religieux, la première traduction partielle en romanche d’une partie d’un prêche en latin date des Xème-XIème siècles.

Le romanche est attesté sous une forme écrite à partir du XVIème siècle : en 1527, Juan Travers, homme d’Etat et de guerre, écrivait une sorte de chanson de geste mais ce n’est qu’au XIXe siècle – alors qu’apparut le romantisme – que la langue romanche commença à gagner en importance et à être utilisée régulièrement dans les domaines de la littérature et du journalisme.

L’une des ballades les plus célèbres reste al pievel romontsch (au peuple romanche) de Giachen Caspar Muoth (1844-1906) :

Stai si, defenda Romontsch, tiu vegl lungatg, Risguard pretenda, Per tiu patratg !

Levez-vous peuple romanche, défendez votre langue ancienne, exigez le respect de votre patrimoine !

La langue romanche se compose de cinq dialectes régionaux. Sursilvan se trouve dans la vallée du Rhin antérieur à Rhäzuns et Trin, Sutsilvan dans la région du Rhin postérieur, Surmiran dans la vallée de l’Albula, Vaz/Obervaz et le Val Ferrera, Putèr en Haute-Engadine et Bergün et Vallader en Basse-Engadine et dans le val Müstair. Il existe également des dialectes apparentés en Lombardie (le ladin et le frioulan).

Romanche grison

Une initiative a conduit à la création d’une langue romanche écrite, unifiée et standardisée, le rumantsch grischun (romanche grison) pouvant être utilisée par les autorités fédérales et cantonales.

Elle est également employée par les médias et dans le domaine littéraire. Il n’est ainsi pas nécessaire de publier les textes dans les cinq dialectes.

Bien que le romanche soit parlé par de moins en moins de personnes, la langue s’est également établie dans le monde entier. Par exemple, le mot glacier vient de gletscher ou de gletsch.

Diverses organisations s’engagent à préserver la langue et la culture romanches et à les rendre accessibles aux personnes de l’extérieur.

Deux exemples peuvent être trouvés sur les pages www.romontsch.ch et www.liarumantscha.ch.